Jour 38 : Château La Rosière- Gray. 24 kms. 34 392 pas. 6h 44 de marche.
Nous quittons Château La Rosière sans vraiment avoir joué aux châtelaines…
Nous espérions une chambre dans le château, nous avons dormi dans les communs.
Au petit déjeuner du matin, pain et croissants congelés.
Assis devant son café le propriétaire nous explique.
Il n’y a plus de boulangerie, il n’y a plus rien à Saint Seine Vingeanne. Il ne peut pas chaque matin passer quarante minutes pour aller chercher du pain.
Le boulangerie était à vendre. Il y avait un repreneur mais qui ne pouvait pas acheter le bâtiment. Le maire voulait le racheter pour le lui louer et qu’il y ait encore dans son village une boulangerie qui fasse un peu de tout en plus. Le conseil municipal ne l’a pas suivi.
Cela l’attriste et le fatigue, ça se voit.
Il parle de diagonale du vide.
Il parle d’entraide obligée. Il fait les courses pour sa vieille voisine.
Comme l’a dit Baudoin à Lamargelle, autre petit village, notre périple nous permet de prendre conscience des difficultés concrètes de la ruralité.
Depuis Tours nous nous posons quotidiennement la même question : y-aura-t-il une épicerie au village où nous dormirons ce soir?
Il arrive que trois jours à suivre nous ne trouvions pas d’épicerie.
S’ensuivent alors toute une série de contorsions pour imaginer des repas qui ne pèsent rien et ne prennent pas de place.
Nous faisons au minimum.
Quelquefois c’est un peu juste. On compte et recompte. Les repas. Ce qui reste. Jusqu’à quand ça doit tenir.
Tout devient luxe.
Un gratin de patates chaud.
Une tablette de chocolat en plus dans le sac.
Le luxe suprême est le café du midi.
Chaque midi, après le pique-nique, la question se pose : pourra-t-on boire un café au prochain village?
La semaine dernière on en a eu un. Chez Boubou.
Un en dix jours.
Il n’empêche.
Chaque midi on veut y croire.