Jour 51 : Lausanne- Vevey. 24,1 kms. 34 443 pas. 6 h 20 de marche.
Soudain je marche seule.
Ça change quoi?
Peut-être plus d’acuité au monde.
Je ne parle pas.
Avec Geneviève on ne parle pas beaucoup en marchant.
On parle lorsqu’on marche côte à côte mais le plus souvent on est l’une derrière l’autre.
Il n’empêche.
On s’interpelle de temps à autre. Tu as vu ?
S’il s’agit d’un animal, on chuchote. Là, tu le vois? Et nous restons immobiles à le regarder s’enfuir.
Je marche seule.
Je vois.
Je garde pour moi.
Ou je prends une photo que je montrerai ce soir à Geneviève. Une image du chemin qu’elle fait différemment. En bateau. Ça doit être chouette aussi de traverser le lac Léman en bateau.
Le lac est sorti de son hébétude. Encore que ça ne soit pas entièrement dégagé sur les sommets.
La balade le long du lac se fait sur une promenade en béton. Des kilomètres et des kilomètres de béton. Tout est rangé. Les bancs, les saules, les pelouses bien vertes et bien tondues où l’on n’imagine même pas que des gens puissent s’allonger. Et puis les ports de plaisance, les yachts, la riviera avec ses cafés branchés, huppés, les pontons, les plages et les ports privés.
Comment peut-on décider qu’un morceau de plage ou de lac est à soi ?
Le chemin bifurque à Vuillette pour emmener sur les côteaux de Lavaux . Une petite route passe au milieu des vignobles. Des kilomètres de murs retiennent la terre pour une culture de la vigne en terasses, une culture héroïque, reconnue patrimoine mondial de l’Unesco.
Un vin unique, de grands crus.
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