Jeudi 17 avril

Jour 32 : Les petites châtelaines- Vieux-château. 24,2 kms. 34 616 pas. 6 h 51 de marche.

Nous quittons très tôt la caravane. Il fait humide. Le relief s’est encore accentué. Ce ne sont plus des collines. Plutôt des falaises. De la roche granitique plantée de genêts à foison.

Comme un goût de Bretagne.

Nous grimpons dans le bois par un sentier de chèvre.

Autant il y a quelques jours je me trouvais face à un tableau naïf, autant là je plonge dans une peinture impressionniste. Foisonnement de plantes et de couleur en touffes épaisses et mêlées. Du Jaune du rose du blanc du vert et les lignes des arbres qui émergent de tout cela.

C’est tellement beau que nous marchons moins vite.

Sur la route ensuite nous parlons bouffe. Nous nous inquiétons un peu. Nous avons déjà faim et si nous récapitulons, nous n’avons pas assez de nourriture pour tenir jusqu’à vendredi soir. Or nulle épicerie ou boulangerie dans le coin. Nous nous mettons à rêver de plats. Nous reparlons de ce fameux gratin de patates mangé avec bonheur à Bléré. La faim monte.

Et puis à Magny, chose complètement inattendue, il y a un restau ouvrier. C’est L’Embuscade.

Nous entrons.

L’Embuscade est tenu par Boubou qui propose le midi un menu ouvrier très amélioré. Tous les gens qui entrent Boubou les salue par leur prénom, salut mon Gérard, bonjour François et toi tu manges au bar comme d’habitude? Comme d’habitude. Boubou connaît tout le monde et tout le monde la connaît.

Boubou est LA femme du village.

Les villages ici sont petits, isolés, la densité de population faible. Dans la plupart de ceux que nous traversons, il n’ y a rien. Pas un commerce.

A Magny grâce à Boubou il y a un café tabac restaurant gaz poste Française des jeux.

Boubou organise même des concerts tous les jeudis pendant l’été. Elle dit avec fierté, je fais une salle de cent personnes chaque jeudi. Et que des gens du coin. Elle fait partie d’une association de sept cafés qui font venir des groupes et les font tourner dans les sept lieux. C’est le festivallion.

Dans le café le nom Boubou est partout.

En dédicaces et remerciements sur les affiches des groupes qui sont passés. Merci à L’Embuscade et surtout merci Boubou.

Entouré de cœurs sur une feuille de dessin.

Peint en grandes lettres de couleurs sur un tableau.

Calligraphié à l’encre sur un autre.

Associé au prix de la meilleure bistrotière 2025.

Et puis, et cette fois c’est elle qui l’a fait, il y a un panneau avec épinglé dessus quatre photo. Trois d’hommes qui boivent dans le café et une d’un chien. Au dessus, c’est écrit « Vous nous manquez tellement ».

Ironie ou non ? Contre le tableau est posée une boîte de cartouches de chasse.

Nous nous asseyons.

Nous rêvions d’un repas. Grâce à Boubou nous allons MANGER!