Vendredi 25 avril

Jour 40 : Bucey les Gy-Besançon. 12,8 kms. 3h20 de marche jusqu’à Cussey sur l’Ognon. Puis bus jusqu’au centre de Besançon.

Je laisse enfin mes vieilles chaussures.

Je les laisse à Bucey les Gy.

C’est le bon endroit.

Cela fait trois semaines maintenant que je les garde, pendues à mon sac. Depuis Tours. Depuis que j’en ai acheté des neuves.

Je les ai gardés au début pour alterner avec les neuves, le temps qu »elles s’assouplissent un peu.

Tantôt je mettais les vieilles tantôt je mettais les neuves.

Je commençais la journée avec les neuves, je la finissais avec les vieilles.

Quand j’enfilais les neuves, je me disais, ah oui super l’étanchéité, l’amorti, et puis elle me tiennent bien le pied.

Quand je remettais les vieilles je me disais, on dirait des chaussons.

Quand je marchais trop longtemps avec les neuves, le soir j’avais des crampes aux pieds.

Quand je gardais trop longtemps les vieiiles, le soir j’avais les pieds trempés.

Et puis, petit à petit, sans que rien ne soit dit, j’ai de plus en plus mis les neuves.

La dernière fois que j’ai mis les vieilles, c’était le dimanche 13 avril lors de notre étape de 37 kilomètres quand je n’en pouvais plus de mes pieds.

Depuis le 13 avril mes vieilles chaussures pendent un peu tristement de chaque côté de mon sac.

Mes vieilles chaussures trouées, aux semelles décollées, dont le rembourrage sort sur les côtés.

Je n’arrivais pas à m’en débarrasser.

On s’attache à des choses.

Je ne pouvais pas.

Les jeter.

Les laisser.

Qu’ont-elles donc d’attachant ces vieilles chaussures grises maintenant hors d’usage?

Chaque jour je me disais, quand même. Quand même ça pèse un peu cette affaire.

J’ai trouvé quoi en faire lorsqu’on a traversé le canal de Bourgogne. Je me suis dit, je les laisserai sur le chemin lorsque je trouverai un endroit propice.

A Bucey les Gy, carrefour des chemins, début d’autre chose, l’endroit est idéal.