Jour 8: Le Lion D’Angers-Angers.27kms.38600 pas.7h02 de marche.
Une semaine que je marche. Le corps s’est adapté. Je n’ai plus les courbatures des trois premiers jours, aux jambes, aux épaules, au dos. Le sac s’est calé sur mon dos, je l’ai réglé petit à petit et je ne le sens plus. Ou plutôt nous ne faisons plus qu’un, il est devenu comme une prolongation de moi. Mon dos, que j’étirais trois fois par jour, s’est renforcé et n’est plus douloureux. Je suis plus solide sur mes jambes. Je me sens plus forte.
Donc je marche.
Depuis deux jours nous traversons un pays d’eaux. Nous suivons l’Oudon puis la Mayenne, à nouveau l’Oudon, à nouveau la Mayenne qui se jette avec la Sarthe dans la Maine. Nous découvrons l’ Ile Saint Aubin, territoire délimité par trois rivières et auquel on accède en bac. L’eau est partout. Ruisseaux, rivières, canaux, champs inondés, marécages, traces de crues et de déçues, elle dessine une géographie mouvante.
Heureusement il ne pleut pas.
Ou plutôt il ne pleut pas sur nous.
Il pleut avant que nous arrivions. Il pleut après que nous soyons passées.
Beaucoup s’étonnent : Vous n’avez pas eu de pluie ?
Nous n’avons pas eu de pluie.
Avec toute cette eau je marche mais aussi je patine, je patauge, je m’embourbe, je m’enfonce. Les chemins sont boueux, trempés, voire inondés. Nous passons par le champ au-dessus mais quelquefois non. Quelquefois il nous faut passer là et l’eau alors s’infiltre dans les chaussures. Hier mes pieds ont mariné plusieurs heures dans des chaussettes mouillées et le soir ils étaient tout fripés. Je les ai lavés, je les ai séchés , je les ai massés avec la fameuse crème Nok. Mes pieds me portent et m’emportent, il s’agit d’en prendre soin.
Mes chaussures, elles, commencent à se décoller. Je pense qu’elles n’iront pas jusqu’à Rome.
Mes pieds, si.
Mes pieds iront à Rome.